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CONSÉQUENCES PHILOSOPHIQUES.

nissent la vérité scientifique par opposition à ce qui dépend de l’arbitraire et de la volonté.

La certitude dans la science physique se trouve donc déterminée par les éléments d’un ordre tout à fait différent de l’ordre des éléments qui déterminent la croyance. Ces éléments sont les résultats de l’expérience. L’expérience est caractérisée par sa nécessité. Cette nécessité peut se définir comme une indépendance complète vis-à-vis de la volonté et de l’arbitraire conscients de l’esprit. L’esprit normal ne peut pas se refuser aux constatations qu’elle impose. Il y a là quelque chose qui résiste à la liberté des représentations et des constructions de l’imagination. Nous ne sommes plus sur le terrain de la représentation libre, de l’imagination créatrice. Nous sommes sur le terrain de la représentation nécessaire qui, après trois siècles de critique, semble le résidu indestructible de l’ancienne conception des vérités éternelles. C’est ainsi que nous retrouvons l’objectif en un sens phénoméniste ou positiviste, et que la vérité, dans la science, peut toujours revendiquer l’ancienne définition que la logique donnait de la vérité : l’adéquation de la pensée à son objet.

De quelque manière que nous prenions le problème de l’objectivité, de quelque manière qu’il ait été traité historiquement par les philosophes, toujours il paraît se ramener au problème de l’existence du nécessaire, c’est-à-dire de notions soustraites à tout pouvoir effectif et conscient de l’esprit. Là où le savant comme le philosophe croient trouver du nécessaire, ils affirment qu’ils ont trouvé de l’objectif.

2. — La critique sceptique de la physique a bien vu cette liaison du nécessaire et de l’objectif, car elle a attaqué surtout l’existence d’éléments nécessaires dans les propositions physiques. Elle a essayé par tous les moyens de montrer d’une part que le raisonnement logique, le rationnel n’avaient aucune valeur en physique. Elle a soutenu que tous les principes de cette science avaient d’abord répugné à la raison humaine. Puis, d’autre part, elle s’est attachée à dissoudre l’expérience, à lui enlever toute fixité d’abord