Page:Rey - La théorie de la physique chez les physiciens contemporains, 1907.djvu/406

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
384
CONSÉQUENCES PHILOSOPHIQUES.

directions, les physiciens ont chacun leur théorie de la connaissance. Les uns pensent que la connaissance scientifique épuise toute la nature de l’objet, qu’au terme, la science aura absorbé la métaphysique et qu’il n’y aura plus d’inconnaissable (Ostwald, un grand nombre de cinétistes). Les autres pensent que la connaissance scientifique n’est qu’une partie de la connaissance, qu’elle est limitée, qu’elle ne se satisfera jamais elle-même : Ignorabimus (Duhem, parmi les métaphysiciens de la qualité ; du Bois-Reymond, parmi les mécanistes). Ostwald pense que si l’on a pu soutenir l’ignorabimus, c’est parce qu’on reste mécaniste et atomiste. Duhem, qui professe comme Ostwald une métaphysique, une cosmologie de la qualité, soutient pourtant ce même Ignorabimus, au point de vue de la physique pure.

Malgré des opinions philosophiques si diverses (on n’a parlé ici que des thèses extrêmes, en laissant de côté toutes les nuances), l’accord le plus complet existe entre tous les physiciens, sur la science physique, sur son esprit général, sur la valeur de ses résultats et ce qui fonde cette valeur.

Tandis que chacun peut dire, pour la philosophie (du moins dans une certaine mesure) aussi bien que pour l’art : « La philosophie, c’est moi », nous sommes en fin de compte tous obligés de dire : « La science, c’est nous. »