sidère qu’il faut partir des éléments les plus simples et les plus généraux que les systèmes matériels offrent à l’observation du physicien : le mouvement et ses lois, et que, progressivement, on compliquera ces lois très simples et très générales pour que les résultats de la théorie coïncident avec l’expérience. On rencontrera ainsi toutes les lois relatives aux différentes formes et manifestations de l’énergie, en partant soit des principes de la mécanique, soit d’après les théories mécanistes les plus récentes, des lois générales de l’électro-magnétisme. En somme, on peut dire que les différences incontestables qui existent entre les deux grandes théories physiques dans la manière d’ordonner les acquisitions de l’expérience ne sont pas considérables. La classification reste la même. Ce qui diffère, c’est la manière de présenter cette classification, c’est ce que des préoccupations différentes et peut-être même des besoins différents, mais également nécessaires de la science introduisent d’artificiel dans la façon de l’organiser.
8. — Pourquoi d’ailleurs s’étonner des divergences auxquelles conduisent les théories physiques ? Même dans les sciences qui nous paraissent les plus exactes, les mieux assises, dans les mathématiques, ne voyons-nous pas se manifester des divergences analogues, selon la part que l’on veut faire ou que l’on refuse à l’intuition, c’est-à-dire à la représentation concrète à côté de l’enchaînement purement abstrait de notions conceptuelles ? Les divergences entre l’énergétique et le mécanisme ne sont, au fond, pas autre chose ; seulement, l’objet de la science étant beaucoup plus complexe, elles paraissent plus accentuées.
Or, il n’est peut-être pas impossible de voir quel est le motif d’un différend que l’on retrouve à peu près analogue dans toute l’étendue du domaine scientifique. Cette raison serait peut-être bien d’ordre psychologique et, par suite, n’intéresserait à aucun degré la valeur de la science, pas plus que la différence des caractères n’intéresse la valeur d’une règle sociale. Selon l’éducation ou la tournure d’esprit, l’imagination se présente, comme, l’ont remarqué tous les psychologues, sous une forme abstraite ou concrète.
