dans la préface de la Critique de la Raison pure. À cette époque, il s’agissait de le résoudre par la dialectique, par une discussion d’idées.
Ici il s’agit, non de le résoudre, mais de l’étudier, conformément à des tendances méthodologiques modernes, par la simple inspection des faits, pour voir s’il comporte une solution, et si oui, laquelle. Ce n’est pas par une analyse intrinsèque de concepts, mais c’est par une histoire impartiale des différentes conceptions des savants, que sera examinée la question.
La crise actuelle de la physique est-elle un incident temporaire et extérieur, dans l’évolution de la science, ou la science tourne-t-elle brusquement sur elle-même et abandonne-t-elle définitivement le chemin qu’elle a suivi, parce que d’un accord unanime et inévitable le chemin ne peut plus être suivi ?
Voilà ce à quoi on essaiera de répondre.
On pourra dire alors si, en fait, la science peut encore garder son sens véritable, son sens traditionnel d’ailleurs ; ou si, décidément, le mot science recouvre une réalité qui n’a rien de commun avec un « savoir réel », si elle n’est plus qu’un repérage pratique.
4. — On conçoit facilement l’intérêt actuel de cet examen. Si l’art logique est l’ensemble des moyens destinés à former et à guider l’intelligence dans ses démarches, il doit viser à donner surtout une attitude générale d’esprit qui favorisera l’acquisition et le développement normal de la connaissance, si l’on veut, la santé intellectuelle. C’est la morale de la connaissance. Or, les sciences physicochimiques sont l’effort tenté par l’homme pour expliquer la nature sensible, ce qui tombe sous les sens, ou plus implicitement, comme l’indique le mot « physique », ce que le sens commun entend par « nature ». L’importance de cet effort a été aperçu de tout temps. Épicure, déjà, comptait sur sa physique pour débarrasser l’esprit de son instinct aveugle de croyance, des préjugés, des superstitions, du mystère au nom duquel on peut tout affirmer : ce qui énervera, faussera, détruira les forces de compréhension et
