Page:Rey - La théorie de la physique chez les physiciens contemporains, 1907.djvu/399

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
377
LA VALEUR DE LA PHYSIQUE.

ces mots : « Tout compte fait, on s’est rapproché de l’unité. »

6. — La preuve la plus décisive de cette tendance unitaire des sciences physico-chimiques est aussi bien fournie par l’examen des principes, admis dans les théories générales des physiciens, que par les affirmations de ces derniers. Il n’y a, pour s’en rendre compte, qu’à comparer l’exposé de la physique théorique telle que la présente Duhem et celui qu’en donne un mécaniste. La seule différence n’est-elle pas que le mécaniste procède selon la méthode euclidienne du cas particulier privilégié au cas général, par généralisations successives, tandis que Duhem pose d’abord le cas général, résumé de l’expérience totale, et retrouve les cas particuliers en levant où en ajoutant les restrictions nécessaires ? Le premier établit par extensions successives la formule générale en suivant à peu près la marche des découvertes ; le second part de la formule la plus générale et aussi la plus récente, comme il convient : il la considère comme acquise et il redescend aux cas partiels, autrefois les seuls connus. Mais, sauf le mode de présentation, le contenu total est finalement identique.

7. — Dans la théorie énergétique, on essaie d’enchaîner toutes nos connaissances expérimentales à partir des principes fondamentaux de la thermodynamique, des lois générales relatives aux transformations de l’énergie : la loi de la cohservation de l’énergie et le principe de Carnot. La théorie mécaniste, au contraire, essaie d’enchaîner toutes les lois de la physique à partir des principes de la mécanique : conservation de la masse, principe de l’égalité de l’action et de la réaction, principe de la superposition des mouvements. Or, dans la théorie énergétique, on retrouve tout de suite les principes de la mécanique : on considère que les lois de la mécanique se déduisent des lois relatives à l’énergie, lorsqu’on fait abstraction de tout ce qui n’est pas mouvement dans les systèmes matériels, lorsqu’on simplifie ces systèmes en éliminant toutes les restrictions qu’apportent les manifestations de l’énergie autre que l’énergie mécanique. Et dans la théorie mécaniste, on con-