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LA VALEUR DE LA PHYSIQUE.

développant et se complétant par les efforts des savants, mais des physiques se succédant les unes aux autres et se substituant les unes aux autres, comme au temps des spéculations grecques. La diversité aurait encore pu faire obstacle irrémédiablement à l’unité scientifique, par suite à l’objectivité et à la certitude du savoir. Brunetière aurait pu dire — alors avec quelque raison — qu’à chaque génération, la science physique était à refaire. Or, est-ce vraiment cela que nous constatons dans l’histoire de la physique ?

3. — Nous voyons au contraire que les théories opposées, dressées par les savants, les conflits dans lesquels ils sont entrés les uns avec les autres, se résolvent toujours dans une théorie nouvelle, grâce à quelque découverte nouvelle. Une divergence n’est qu’un point d’interrogation, un problème qui se pose. La faire disparaître, voijà l’essence même de la découverte scientifique. C’est en ce sens qu’un astronome a pu dire que la méthode scientifique par excellence, celle qui fait progresser les sciences, c’est la méthode des résidus. Un phénomène reste sans explication dans une théorie scientifique. C’est un résidu insoluble. Sur lui aussitôt se bâtissent des théories contradictoires et s’engagent les conflits entre savants. Puis un beau jour, tout s’éclaire, la théorie définitive est trouvée ; elle rallie tout le monde. Et l’on voit alors que la contradiction des théories n’était qu’apparente et superficielle. Elle provenait non de ce que nous savions, mais de ce que nous ignorions. Les résultats avec lesquels le phénomène résiduel ne semblait pas pouvoir s’accorder restent exacts, puisqu’ils étaient le résultat de l’expérience ; le phénomène résiduel, donné par l’expérience ne peut pas non plus être autre qu’il n’est. Mais une expérience nouvelle permet de trouver un moyen de concilier tous ces résultats ; les uns et les autres nous apparaissent non plus comme contradictoires, mais comme corollaires. Les théories physiques n’ont pas été détruites ; elles ont été débarrassées d’erreurs hâtives, elles ont été complétées, elles ont progressé. Les phénomènes résiduels de l’hypothèse de Copernic, qui supposent encore le mouvement des planètes circulaire, a amené évolutivement