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CONSÉQUENCES PHILOSOPHIQUES.

fique ne se modifiant pas à chaque instant d’une manière très sensible, — un aspect particulier et bien caractéristique. Mais vienne une de ces découvertes qui retentissent sur toutes les parties de la physique, parce qu’elles dégagent un fait capital, jusque-là mal ou très partiellement aperçu, et l’aspect de la physique se modifie ; une nouvelle période commence.

a) C’est ce qui est arrivé après les découvertes de Newton, après les découvertes de Joule-Meyer et Carnot-Clausius. C’est ce qui paraît en train de se produire depuis la découverte de la radioactivité. La physique présente donc toujours une junité organique solidement établie ; cette organisation unitaire conserve ses traits principaux pendant une période assez longue. Les divergences ne sont donc jamais très profondes. L’ardeur de la lutte les accentue plus que leur réelle importance ne le comporte. L’historien qui voit ensuite les choses avec le recul nécessaire n’a pas de peine à démêler, là où les contemporains montraient conflits, contradictions, scissions en écoles différentes, une évolution continue.

b) Il semble que la crise qu’a traversée la physique en ces dernières années (malgré les conclusions qu’en a déduites la critique philosophique) n’est pas autre chose. Elle représente même très bien le type de ces crises de croissance amenées par les grandes découvertes nouvelles. La transformation indéniable qui en résultera (y aurait-il évolution et progrès, sans cela ?) ne modifiera pas sensiblement l’esprit scientifique.

Cette nouvelle constatation amène une conclusion importante. Non seulement, la physique conserve pendant chacune de ses grandes périodes une physionomie identique, mais d’une période à l’autre, il n’y a jamais rupture et discontinuité.

C’eût été encore un argument assez puissant du scepticisme, si à chacune des grandes périodes historiques de la physique, si peu nombreuses qu’elles soient, il avait pu faire constater des différences irréductibles avec la période précédente. Il n’aurait plus existé, en effet, de physique se