Page:Rey - La théorie de la physique chez les physiciens contemporains, 1907.djvu/393

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
371
LA VALEUR DE LA PHYSIQUE.

rentes que réelles. Jusque dans ses hypothèses et ses théories, dans ses procédés de systématisation et de découverte, il règne dans la physique une unité profonde qui reflète d’ailleurs l’unité de leurs origines : l’expérience, et ne peut être imposée que par l’objectivité de cette expérience. Le contenu expérimental et objectif de la science physique imposera sa marque aux tentatives de systématisation comme aux orientations de la recherche. Et, à son tour, l’accord, dans toutes leurs grandes lignes, de toutes les théories physiques touchant l’organisation générale du contenu expérimental de la physique, peut prouver, en quelque sorte a posteriori, l’objectivité de ce contenu.

2. — On peut distinguer dans l’histoire de la physique, comme dans toute histoire, de grairides périodes qui se différencient par la forme et l’aspect général des théories ; celles-ci ont toutes comme un air de famille, semblables à peu près en cela aux œuvres d’un même artiste ou d’une même école. Il faut donc que les sciences physico-chimiques au moins à chaque époque aient eu une certaine unité. L’arbitraire qui aurait procédé à la construction des théories, à l’organisation et à la systématisation des lois physiques a été, on est forcé de le reconnaître, singulièrement restreint.

Si l’on examine d’un peu plus près une de ces périodes historiques, on aperçoit assez vite pourquoi toutes les théories ont cet air de famille. C’est qu’à ce moment, l’ensemble des connaissances acquises et les grandes découvertes récentes ne laissaient pas le choix : elles imposaient une forme théorique générale ; tant il est vrai que dans les sciences physico-chimiques, comme dans toute science du reste, la systématisation et la théorie, les vues de l’esprit sont commandées par les données expérimentales, ou si ce mot paraît trop précis, quand on songe, par exemple, à la mathématique, par le contenu, la matière de la théorie et la nature de son objet. La physique théorique est donc fonction de la physique expérimentale, par suite de l’acquis scientifique d’une époque donnée. Nécessairement alors, la physique a pendant un certain temps, — l’acquis scienti-