savoir des sciences, physiques pour attaquer, railler ou mépriser les révélations théologiqûes, on comprend combien aisément devait être accueillie de certains esprits cette négation formelle de la valeur de savoir de la physique. Elle trouvait un terrain d’élection dans un public ignorant de la science physique et tout entier pris par les inventions techniques, qui en dérivaient. Le développement de ce paradoxe séduisit les littérateurs.
L’enquête qui vient d’être faite ne montre-t-elle pas que cette interprétation est sophistique ?
3. — Oui, la science, et en particulier les sciences physiques ont une valeur d’utilisation ; oui, cette valeur d’utilisation est considérable. Mais elle est peu à côté de leur valeur de savoir désintéressé. Et c’est avoir passé à côté de la véritable nature de la science physique que de sacrifier cet aspect à l’autre.
On peut même dire que la science physique n’a par elle-même, et en elle-même, qu’une valeur de savoir. Sa valeur d’utilité est indirecte, car ce n’est pas la science qui utilise les phénomènes naturels et les met à notre service, mais les arts, les techniques qui se greffent sur la science. Ces arts ne procèdent en aucune façon comme la science. Ils partent d’un point de vue différent, nécessitent en général des génies distincts, des méthodes autres. C’est par une étrange confusion que l’on ne sépare pas, dans la vulgarisation, la science de l’art : par une confusion inexplicable, car il suffit de parcourir l’œuvre d’un savant pour y sentir à chaque pas cette distinction très nette. En tout cas, les savants la font sans méprise possible, à propos des sciences physico-chimiques.
4. — a) C’est d’abord Duhem. L’antithèse qu’il établit et développe entre les esprits abstraits et les esprits concrets, les conceptuels et les imaginatifs et la préférence très nette qu’il a pour les premiers, le léger dédain que l’on sent chez lui, malgré toute l’envie qu’il a de le dissimuler, pour ceux qui ont besoin d’un rapport matériel dans la théorie physique, tout cela nous montre déjà que pour lui la physique est avant tout un savoir, une connaissance théorétique et
