la science, un retour offensif de la métaphysique dans le domaine proprement scientifique, une agression directe du mysticisme contre la science positive. La confusion continuait en sens inverse.
2. — Or, le principal argument à l’aide duquel cette réaction mystique a attaqué la science positive et tenté de renverser la barrière entre la certitude positive et la croyance métaphysique ou religieuse, c’est la puissance utilitaire de la science.
Les philosophes et les savants de la Renaissance, le fondateur du positivisme, qui sur ce point les continua, n’avaient pas songé à cette exploitation et à cette déviation de leur pensée. Ils avaient cru ajouter au respect et à l’admiration que nous devons avoir pour la science, à la reconnaissance qu’elle mérite, en faisant remarquer son utilité pratique. Ils n’avaient pas cru changer le signe de cette reconnaissance et l’objet de cette admiration. Dans leur pensée, c’était énoncer un titre nouveau de la science, litre qu’elle n’avait pas mérité jusque-là, à cause de la hardiesse spéculative des savants et du peu de cas qu’ils faisaient de l’expérience, des choses concrètes et pratiques.
En ramenant la science des hauteurs de la spéculation abstraite et stérile, à l’observation et à l’expérimentation patientes, les innovateurs de la Renaissance ne croyaient pas ramener la science du ciel sur la terre, et lui faire perdre en dignité, en vertu intellectuelle, ce qu’elle gagnait en puissance d’utilisation. Ils croyaient Bien plutôt établir une échelle solide par laquelle on pourrait s’élever, sans risque, des faits vulgaires aux idées et aux théories. Dans leur esprit, la mission utilitaire n’était qu’une conséquence de la mission spirituelle de la science.
Mais le xixe siècle, plus que tout autre, a vu l’extension énorme, presque infinie des applications pratiques de nos connaissances scientifiques, en particulier de nos connaissances mécaniques, physiques et chimiques. Ces dernières connaissances forment un ensemble partiel qui, par ses progrès, a, d’une part, concentré l’attention de la critique philosophique et, d’autre part, fort étonné l’univers dans ses
