Page:Rey - La théorie de la physique chez les physiciens contemporains, 1907.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
357
LA VALEUR DE LA PHYSIQUE.

différent. Elle provoque l’idée qu’auront ensuite à contrôler les méthodes d’expérimentation.

7. — Mais pour que la théorie puisse jouer son rôle de méthode de découverte, il ne faut pas qu’elle soit une pure imagination, une chimère de l’esprit : elle serait complètement stérile, et ce fut là une des causes de la stérilité de la scolastique. Elle a besoin de sortir elle-même des nécessités de la science, de condenser en elle toute la réalité, qu’au moment où elle est émise, l’expérience acqmise permet à l’homme de connaître. La théorie scientifique ne servira donc à la découverte qu’autant qu’elle est elle-même un résumé de l’expérience acquise, c’est-à-dire des découvertes antérieures, c’est pourquoi toute théorie physique est une systématisation de l’expérience ; elle systématise et classe les faits et les lois connus d’une part, et d’autre part elle fait servir cette classification systématique à la découverte.

8. — Si les théories physiques sont essentiellement des méthodes, on conçoit aisément qu’elles puissent être multiples. On le conçoit d’autant mieux qu’à tout prendre, et malgré ses grandes découvertes, la physique paraît encore très rapprochée de la période des origines. On discute encore, remarquons-le, sur la forme à donner à la systématisation des vérités mathématiques. Et cette systématisation ne commence à se fixer qu’actuellement. Peut-être, d’ailleurs, prenons-nous, selon l’humaine illusion, le moment actuel d’une évolution pour le moment où elle s’achève, parce que nous ignorons ce que sera demain. Mais admettons que les faits mathématiques aient trouvé en gros leur classement définitif.

Or les mathématiques n’ont-elles pas un objet infiniment plus simple que les sciences physico-chimiques ? Les mathématiques ne sont-elles pas constituées d’une façon positive, c’est-à-dire ne se présentent-elles pas comme une science claire et distincte dans son objet et ses procédés généraux, depuis plus de deux mille ans, alors que les sciences physico-chimiques n’offrent un pareil état que depuis trois siècles ? Qu’y a-t-il d’étonnant alors à ce que la forme théorique de la physique ne soit pas arrêtée ? Pour-