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LA VALEUR DE LA PHYSIQUE.

doute et ne peut plus mettre en doute les fondements de ses théories.

La physique actuelle ne retient rien de cela : elle considère que nos premières découvertes portent, en effet, sur des faits extrêmement simples ; c’est leur simplicité qui a permis d’en formuler les lois. Elle considère encore que ces lois ont un rôle très important en physique, car c’est par leurs généralisations et leurs adaptations progressives qu’on a défriché des portions très vastes du champ de la physique. Mais ces généralisations et ces adaptations progressives ont été au moins suggérées, sinon dictées tout entières par l’expérience. Mais les expériences passées et à venir sont l’unique garantie de validité de ces généralisations et de ces adaptations. Il en résulte qu’elles ne sont plus considérées comme définitives, immuables ; elles ; sont susceptibles d’évolution, comme des hypothèses qui, pour fondamentales qu’elles soient, vont sans cesse se précisant, se complétant, s’améliorant.

Elles restent donc constamment sujettes à revision et à limitation. On ne peut pas dire que ces découvertes ne sont pas, par la simplicité même qui a causé leur antériorité sur d’autres, dans une situation privilégiée. Elles constituent un domaine particulièrement stable. Mais personne n’accepte plus aujourd’hui que ce domaine soit toute la physique. On ne voit, au contraire, en lui qu’un ensemble de conditions nécessaires, que rien n’autorise à déclarer suffisantes. Cela est évident pour Duhem : les faits fondamentaux du mécanisme classique sont les bases d’une théorie partielle de la physique, de la théorie des phénomènes les plus simples ou plutôt les plus simplifiés. Cela est encore évident pour Mach qui ne veut que systématiser de la façon la plus simple possible l’expérience et qui se déclare toujours prêt à admettre des principes nouveaux pour des faits nouveaux. Cela est encore évident pour Poincaré qui considère que l’application des principes généraux peut toujours être limitée par des expériences nouvelles, où ces principes sont insuffisants et qui en appellent d’autres.

Mais cela est encore vrai pour le mécanisme contempo-