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CONSÉQUENCES PHILOSOPHIQUES.

que tout ce que nous connaissons n’est pas un objet, mais une relation d’un sujet à un objet.

La physique contemporaine reprend cette double proposition : impossibilité d’une connaissance totale et limitation de notre savoir à des relations. Mais il faut les entendre en un sens bien plus positif et bien plus expérimental que dans leur acception philosophique. Ce que la physique actuelle prétend, c’est que ce que nous considérons comme unités représentatives élémentaires, ne peut être défini que par des relations. Le mot absolu, quand on l’emploie, comme dans les expressions : température absolue, mouvement absolu, temps absolu, etc., ne désigne, si l’on analyse l’expression, qu’une relation invariable, inconditionnelle et nécessaire, mais toujours une relation[1]. Autrement dit, toute expérience établit une relation et ne peut établir que cela, car toute expérience est une mesure.

Il est impossible de ne pas remarquer en passant combien cette attitude de la physique s’accorde avec les conclusions les plus récentes de la psychologie de la connaissance : Là aussi, une sensation n’est ce qu’elle nous apparaît, ce que nous connaissons d’elle, que par des relations multiples avec les états antécédents, concomitants et conséquents. Elle ne peut être définie à son tour qu’en fonction de ces relations.

En résumé, les éléments de toute théorie physique, quelle que soit l’école consisérée, sont des relations. Et dans la théorie mécanistc, la représentation malléable et figurative n’est que la concrétisation des relations les plus générales, des principes, à l’aide de données perceptives.

Une expérience sans cesse révisable, sans cesse progressive, toute la physique, fonction de l’expérience, à chaque instant donc, relative à cette expérience : telle est la physionomie de la physique contemporaine.

  1. Voir à ce sujet la note au sujet du mouvement absolu et des idées de Painlcvé, p. 394.