démonstration mathématique) n’a pas de valeur objective par elle-même. C’est dire nettement que si elle peut en avoir une, ce ne seront pas les catégories de l’esprit ou l’intuition qui la lui fourniront. Tout ce qui vient de l’esprit sera donc nécessairement subjectif.
En effet, ce qui conférera une valeur objective à la théorie, après coup, — d’un point de vue logique, s’entend, et non du point de vue de la genèse psychologique, — c’est la coïncidence de ses résultats avec les résultats de l’expérience. La valeur objective de la théorie physique est nettement d’ordre empirique.
On pourrait croire, il est vrai, que les catégories logiques se retrouvent impliquées dans l’expérience et leur confèrent une nécessité et une valeur d’ordre logique. Il n’en est nullement question. Bien au contraire, dans toute l’école qui pourrait se rattacher à Duhem, on n’admet point que les choses se passent conformément à des lois logiques. On a même fait remarquer que toutes les relations découvertes empiriquement avaient commencé par heurter de front la raison, par se trouver en contradiction avec les habitudes générales de la pensée, et avec ce qu’on en déduirait conformément aux principes logiques universellement admis. Duhem a grand soin de distinguer ce qui est conforme au principe de contradiction, ce qu’on peut affirmer au nom de ce principe et les résultats empiriques. Les conséquences qu’on peut affirmer au nom du principe de contradiction sont subjectives et arbitraires. Il ne peut être question de leur valeur objective. Seul a une valeur objective ce que donne l’expérience. Tout ce que l’on déduit conformément aux lois de l’esprit est à rejeter ou à admettre sous l’unique critère de l’expérience. Ce qu’apporte l’esprit, loin de donner une valeur objective à la théorie ruinerait toute son objectivité, si l’expérience ensuite ne venait lui restituer un caractère objectif.
De même avec Poincaré : ce qui donne un caractère conventionnel aux principes de la physique, avec toutes les réserves qui doivent être faites sur le sens de ce mot « conventionnel » dans la philosophie de ce savant, c’est la recti-
