luition sensible ou empirique à laquelle on réserve plus particulièrement le nom d’expérience, et l’intuition interne ou rationnelle, la lumière naturelle qui, elle aussi, nous révèle des existences objectives. L’intuition sensible n’aura de valeur qu’autant qu’elle sera garantie par l’intuition rationnelle, qu’autant qu’elle en sera pénétrée tout entière.
Nous avons donc bien là encpre, puisque, en dernière analyse, il nous faut remonter à l’intuition rationnelle pour avoir quelque chose d’objectif, et que c’est elle qui apparaît comme fondamentale, une signification intuitive et non pas empirique du terme objectif. Je désignerai cette nouvelle signification intuitive par l’expression objectivité intuitive moderne, pour la distinguer de l’objectivité intuitive de la philosophie du concept. Elle s’oppose, en effet, à cette dernière, parce qu’elle nie nettement l’objectivité de l’idée, c’est-à-dire du monde intelligible que Platon retrouvait lorsqu’il proscrivait l’expérience sensible, qu’elle est nominaliste, et que conséquemment, loin de se dresser en face de l’expérience sensible pour l’affirmer, elle s’allie avec elle pour la confirmer. Elle s’oppose encore à l’objectivité intuitive de la philosophie ancieime en ce que l’intuition rationnelle est, elle aussi, une espèce d’expérience ; elle n’est pas une révélation suprasensible, mais elle nous met en face d’une réalité particulière, individuelle, vivante, avec les cartésiens et Leibniz, ou d’une relation aussi réelle que les phénomènes sensibles et qui ne s’en détachent que par une analyse ultérieure et artificielle, avec les kantiens. Pour Kant, c’est dans l’expérience même que nous découvrons les formes générales de l’expérience ; ce sont donc en un sens des données de l’expérience. Pour les cartésiens, cette intuition est une espèce d*expérience plus haute, plus directe, plus immédiate que la perception sensible. La connaissance scientifique est fondée sur ces intuitions. Et peut-être n’est-ce pas historiquement très aventuré de dire que rintuition des vérités premières est, chez tous ces philosophes, le résultat d’un effort plus ou moins cbnscicnt pour assurer d’une façon inébranlable la vérité scientifique.
L’objectivité de la science a donc pour garantie, soit une
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