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CONSÉQUENCES PHILOSOPHIQUES.

qu’elle soit, puisque le subjectivisme prend parfois pour donnée réelle ce que jadis on s’accordait à reconnaître comme instable et illusoire, sont encore, sont toujours le résultat d’une relation entre des éléments encore plus ténus, plus fugaces. Lorsque les psychologues anglais soutenaient que la conscience est le sentiment d’une différence, lorsque tout psychologue affirme qu’un acte de connaissance, de discrimination est relatif au contenu contemporain de la conscience, ils n’affirment rien autre que ceci : tout état de conscience a pour matière une relation et par suite tout objet est une relation.

Les sciences physico-chimiques établissent simplement des relations entre les phénomènes. Or, les relations n’existent pas. Donc ces sciences n’ont pas de valeur objective. Pardon, est-on, ce semble, forcé de répondre, tout objet n’est qu’un système de relations. La physique comme toutes les autres sciences propose simplement ceci : Partir de ces systèmes de relations qui constituent la perception extérieure d’un homme normal. Chercher, à leur tour, leurs relations, c’est-à-dire les conditions qui règlent leurs apparitions, leurs variations, leurs disparitions. Continuer en somme, le processus fondamental par lequel se constitue un objet, par lequel se constitue le réel. Une intuition immédiate de la conscience n’est donnée que par ses relations avec ce qui la précède et ce qui la suit (si elle ne s’en distinguait pas, elle ne serait pas sentie). Faisons même abstraction de ces relations : elle n’est sentie que si elle est impliquée dans une relation avec qui la sent. Sans cela elle n’existe pas. Elle ne commence à être, qu’au moment où elle enveloppe une dualité, qu’en étant relation. Sans cela, elle ne serait pas seulement ineffable, elle ne serait ni pensable, ni expérimentable. Ce serait le symbole algébrique le plus abstrait, le plus conceptuel qui soit. Pourquoi, alors, cette relation, serait-elle plus réelle que les relations qu’assigne la chimie entre le poids des composants et celui du composé ? Je ne puis voir la différence, ou si j’en vois une, c’est en faveur des secondes qui sont incontestablement plus précises, plus fixes, plus universelles. En me mettant