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CONSÉQUENCES PHILOSOPHIQUES.

montré le rôle énorme que joue l’hypothèse dans la théorie physico-chimique.

Mais ce faisant, loin de ruiner la valeur objective des sciences physico-chimiques, ils n’avaient qu’un but : l’affirmer comme la donnée primordiale qui rationnellement permet l’existence d’une science expérimentale.

L’expérience est, par définition, une connaissance de l’objet. Dans la science physique, cette définition est mieux que partout ailleurs à sa place ; et elle est plus nette que partout ailleurs. La physique s’est établie comme science en s’opposant à la spéculation a priori de la scolastique. Elle s’est fondée contre l’arbitraire d’un raisonnement dialectique et vide, contre l’idée préconçue devant laquelle on veut à toute force faire plier les faits. L’expérience est ce que notre esprit ne commande pas, ce sur quoi nos désirs, notre volonté ne peuvent avoir de prise, ce qui est donné, et que nous ne faisons pas. L’expérience, c’est l’objet, en face du sujet.

Tous les physiciens actuels ont conservé cette conception que la Renaissance s’est faite de la méthode physique. Rankine, Duhem, Mach ne poursuivent qu’un but par leurs théories : retrouver l’expérience. L’école critique admet que la science est assise sur les relations présentées par l’expérience. Le mécanisme a la prétention de ne faire appel qu’à l’expérience.

Il en résulte que la physique, par sa méthode, est essentiellement objective ; l’arbitraire de la théorie ne saurait, une fois celle-ci achevée, enlever quoi que ce soit à l’objectivité de ses résultats.

5. — Qu’il y ait des conventions dans les procédés de mesure et de repérage, que nombre de théories physiques très complexes interviennent dans toute expérimenr tation, n’empêche que, en usant des mêmes procédés de mesure et de repérage, en faisant intervenir les mêmes théories, tous les expérimentateurs ne retrouvent identiquement les mêmes résultats.

Les mesures, et les théories en vertu desquelles on les fait, enferment nécessairement une part de convention, car