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CONSÉQUENCES PHILOSOPHIQUES.

logue. Et b) en tout cas s’il y a des divergences, elles s’expliquent par ce fait bien naturel que la science est loin d’avoir épuisé ses recherches, ce qui serait la condition nécessaire de l’unité de la systématisation. Si donc l’hypothèse joue un rôle énorme et nécessaire dans cette tâche et, par suite, si des hypothèses différentes peuvent être émises, pourtant toutes les écoles admettent qu’on arrivera peu à peu, grâce aux polémiques mêmes qui sont engagées, à une systématisation, à une hypothèse, à l’exclusion de toute autre. Non seulement on doit y arriver, mais on y arrive. Il y a une évolution unilinéaire de la physique et à chaque étape une concordance s’établit manifestement sur les points importants, entre tous les savants. De là vient que la physique a pris un aspect particulier et bien caractéristique à chacune de ses étapes, et en particulier à l’étape qu’elle franchit actuellement.

La conclusion nécessaire de ces propositions, c’est que la science physique, malgré son relativisme, n’est jamais à refaire que prendre le mot relativisme dans ce sens, c’est jouer grossièrement sur ce mot. Relativisme de la science physique ne signifie qu’une chose : caractère descriptif et humain de cette science, mais il est évident que la description dont il s’agit est, pour l’espèce humaine, une, nécessaire et universelle.

2. — La théorie physique est arbitraire, a-t-on dit. « Voyez Duhem : Il proclame que la façon dont nous construisons cette théorie est laissée à notre complète discrétion, pourvu que soit respecté le principe d’identité et de contradiction, qui d’ailleurs n’a qu’une valeur logique ; simple garantie d’harmonie dans le discours. Mach ne proclame-t-il pas à son tour que la théprie physique se laisse guider par un principe d’épargne, sorte de principe psychologique de la moindre action ? Là encore on ne satisfait qu’à une condition d’aisance pour l’esprit, à une condition logique, non à une condition de réalité. Poincaré n’avouet-il pas qu’il y a dans les fondements de la théorie physique une accommodation des choses aux besoins logiques de la pensée ? Seul le mécanisme reste nettement objectif, mais