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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

mules de l’énergétique, tandis que, dans la théorie électronique, on rendra compte de mouvements perceptibles à l’aide d’autres mouvements perceptibles ou qui pourront l’être. Il faut bien reconnaître que cette dernière interprétation, plus que toutes les autres, donne à la physique une valeur objective indiscutée. Car ici, encore une fois, si l’on admet ces prémisses, la question de l’objectivité ne se pose pas. Elle ne peut plus se poser. Ce serait un contresens ou un non-sens.

Toutes les autres écoles proclament aussi bien que le mécanisme, l’objectivité des résultats de la systématisation physico-chimique. Mais elles ne la proclament qu’après l’avoir discutée. Un problème a été posé, et la solution n’en va pas toujours avec aisance. Dans le mécanisme, rien de tel. Et ce n’est pas qu’on élude la difficulté. C’est bien que cette difficulté n’existe pas.

La généralisation, c’est ici la sensation directe d’un fait particulier dans une multitude d’autres faits particuliers, la perception d’une donnée concrète dans une multitude d’autres données concrètes, la constatation du résultat d’une expérience dans une multitude d’autres expériences.

C’est dans ce caractère réaliste de la description mécaniste qu’il faut sans doute chercher le secret de la complaisance qu’ont eue et que conservent pour elle tous les savants de laboratoire, tous les purs expérimentateurs, et aussi peut-être le secret des critiques que lui adressent ceux qui, plus exclusivement mathématiciens, sont aussi plus exclusivement des manieurs d’idées.