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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

présence ou la possibilité d’un travail. L’énergie désigne « tout ce qui, directement ou indirectement, est propre à se transformer en travail » ; les corps pesants en mouvement dans l’espace, la chaleur, l’électricité, le ressort tendu, la dissociation ou la combinaison chimiques, la lumière, la radioactivité, le son, tout cela est apte à fournir du travail mécanique, et réciproquement à apparaître à la sufte d’un travail mécanique. Le travail, voilà donc l’élément que l’expérience nous fait retrouver dans tout phénomène physico-chimique et que nous rencontrons toujours sous une forme claire, manifeste, et en même temps homogène, mesurable, comparable identiquement d’un cas à l’autre. Le travail est une notion mécanique. C’est toujours un mouvement. Voilà pourquoi le mouvement est l’élément auquel nous ramènent, presque par définition, mais en tout cas, dans la totalité de l’expérience, les phénomènes physiques.

« … L’esprit humain, en observant les phénomènes naturels, y reconnaît, à côté de beaucoup d’éléments confus qu’il ne parvient pas à débrouiller, un élément clair, susceptible par sa précision d’être l’objet de connaissances vraiment scientifiques. C’est l’élément géométrique, tenant à la localisation des objets dans l’espace et qui permet de se les représenter, de les dessiner ou de les construire d’une manière au moins idéale. Il est constitué par les dimensions et les formes des corps ou des systèmes de corps, par ce qu’on appelle, en un mot, leur configuration à un moment donné. Ces formes, ces configurations, dont les parties mesurables sont des distances ou des angles, tantôt se conservent, du onoins à peu près, pendant un certain temps et paraissent même se maintenir dans les mêmes régions de l’espace pour constituer ce qu’on appelle le repos, tantôt changent sans cesse, mais avec continuité, et leurs changements de lieu sont ce qu’on appelle le mouvement local, ou simplement le mouvement[1] »

« Jusqu’ici la science, considérée dans sa partie édifiée ou susceptible de l’être, a grandi en allant d’Aristote à

  1. J. Boussinesq : Leçons synthétiques de mécanique générale, p. 1.