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CONTINUATEURS DU MÉCANISME, HYPOTHÈSES FIGURATIVES.

tration mathématique de la possibilité d’une explication mécanique, c’est l’expression analytique des conditions très générales auxquelles doit satisfaire cette explication, et rien de plus[1].

Comme l’a dit Hertz, la théorie électromagnétique de Maxwell, c’est le système des équations différentielles écrites par Maxwell. Ces équations différentielles, analogues aux équations fondamentales de la dynamique, sont compatibles avec une figuration mécanique des phénomènes électriques ; elles font prévoir et attendre une représentation de ceux-ci par des images cinétiques, et cela suffit dans l’état actuel, pour qu’elles constituent, de l’aveu de tous les physiciens, une théorie mécaniste de l’élasticité.

Le mécanisme semble donc pouvoir être défini en dernière analyse par la nécessité où l’expérience mettrait le savant à recourir à une systématisation fondée sur le mouvement[2]. Et voici la raison la plus profonde qui paraît appuyer sa proposition essentielle :

Le signe d’un phénomène naturel pour le physicien et le mécanicien, le signe d’un phénomène physique, c’est la

  1. « Les physiciens anglais, tels que lord Kelvin (W. Thomson), lorsqu’il a formulé sa théorie des atomes tourbillons, tels que Maxwell lorsqu’il a imaginé l’hypothèse d’un système de cellules dont le contenu est animé d’un mouvement de rotation, hypothèse qui sert de fondement à son essai d’explication mécanique ae l’électro-magnétisme, ont évidemment trouvé, dans de telles explications, une satisfaction plus vive que s’ils s’étaient contentés de la représentation très générale des faits et de leurs lois par le système a’équations différentielles de la physique. Pour moi, je dois avouer que je m’en tiens plus assuré que de tout autre ; mais je ne saurais élever aucune objection de principe contre une méthode suivie par d’aussi grands physiciens. » (H. von Helmholtz : Préface à l’ouvrage de H. Hertz : die Principien der mechanik, p. XXI, cité par Duhem, Revue générale des sciences, 1903, p. 258 B.)
  2. Peut-être vaudrait-il mieux dire alors cinétisme. Mais rien ne prouve que la notion de force, ou d’autres notions, ne soient requises pour l’explication du mouvement lui-même. Or, le mot cinétisme a été, jusqu’ici, réservé pour les théories qui rejettent toutes ces notions et n’admettent que le mouvement pur. Le cinétisme n’est donc qu’une espèce du genre mécanisme. Oe ce que les théories actuelles inclinent vers le cinétisme, on n’a pas le droit d’absorber en lui toutes les possibilités du mécanisme.