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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

Aussi professe-t-il avec la plus grande netteté que la systématisation n’a de valeur et de sens que pour assigner les très grandes lignes de l’ordre général des phénomènes. Il ne s’agit plus de construire une nature exactement conforme à la réalité des choses. Il ne s’agit même plus de construire une nature exactement conforme à la réalité phénoménale. Cette entreprise sera peut-être, un jour lointain, possible. Elle serait chimérique actuellement. Il s’agit simplement de préparer du mieux que l’on peut et de très loin, cette construction. Aussi s’en tiendra-t-on aux grandes lignes qu’une expérience constamment confirmée, que des hypothèses constamment fécondes, nous permettront de tracer. On construira une représentation très schématique, effleurant seulement les apparences phénoménales, bonne tout au plus à les classer, à diriger l’investigation, à provoquer la découverte. Cette représentation visera surtout à rétracer l’ordre des phénomènes en allant non pas du général au particulier, ces expressions sont équivoques, mais du simple au complexe, du clair au confus, du connu à l’inconnu, ou, si l’on préfère, du moins mal connu à ce qui est encore ignoré.

Le système mécaniste se réduit à un réseau à mailles très larges, aussi larges que possible. Ce réseau a assez de souplesse pour enserrer sans se briser ou se distendre les lois particulières quelles qu’elles soient avec les amendements, les retouches, que les découvertes amènent incessamment.

Sous ce réseau encore, des hypothèses plus détaillées (mais alors très conjecturales et tout à fait transitoires), qui n’ont d’autre prétention que préparer la découverte, peuvent prendre momentanément place.

Il s’accommode à elles toutes, car il a été construit pour pouvoir s’adapter à toutes. C’est ainsi que des hypothèses contradictoires peuvent parfaitement être essayées pour rendre raison de phénomènes différents. Qu’importe, les progrès de la science remettront les choses en place ; mais ces hypothèses contradictoires toutes à la fois peuvent se déduire de la théorie générale, car elles supposent aussi