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CONTINUATEURS DU MÉCANISME, HYPOTHÈSES FIGURATIVES.

des lois de l’électromagnétisme ; elles en formeraient comme un cas spécial dans des limites bien déterminées. La constance de la masse, notre principe de l’inertie ne seraient plus valables que pour les vitesses moyennes des corps, le terme « moyen » étant pris par rapport à nos sens et aux phénomènete qui constituent notre expérience générale. Un remaniement général de la mécanique s’en suivrait et, par suite, un remaniement général de la systématisation physique.

Le mécanisme serait-il abandonné ? En aucune façon ; la pure tradition mécaniste continuerait à être suivie, et le mécanisme suivrait les voies normales de son développement.

D’abord les lois de la mécanique actuelle continueraient à s’appliquer telles quelles, entre certaines limites. Elles

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  1. mentale de la conservation de la masse, qu’on trouve toujours exacte dans les phénomènes de toute espèce, chimiques, physiques ou mécaniques, n’est plus qu’un corollaire de la conservation de l’énergie, avec les nouvelles idées sur la constitution de la matière.

    Loin de vouloir chercher l’explication des phénomènes électriques et magnétiques dans les lois de la mécanique rationnelle, comme on l’a tenté infructueusement, il apparaît maintenant qu’on doit au contraire chercher à déduire les lois de la mécanique rationnelle de rélectromagnétisme. La mécanique sera assise alors sur des bases plus larges et par conséquent plus solides.

    Il résulte de la théorie de M. Max Abraham que la masse d’un corps n’est indépendante de sa vitesse que lorsque celle-ci ost faible par rapport à celle de la lumière. C’est le cas de toutes les vitesses étudiées jusqu’à présent en mécanique, même celle des planètes. Mais si la vitesse se rapproche de celle de la lumière, la masse augmente avec la vitesse et tend vers l’infini quand la vitesse se rapproche indéfiniment de celle de la lumière, ce qui fait qu’un corps ne pourrait jamais être animé d’une vitesse égale ou supérieure à la vitesse de la lumière.

    Cette conséquence de la théorie de M. Max Abraham a été justifiée par l’expérience. Il s’échappe des corps radioactifs des corpuscules qui, sous tous les rapports, sont identiques à ceux des rayons cathodiques, on a pu mesurer leur vitesse et leur masse par les procédés que nous avons indiqués. On a trouvé pour ces corpuscules des vitesses variables ; pour quelques-uns cette vitesse atteint les 95/100 de la vitesse de la lumière. Or à mesure que la vitesse devient plus grande, on trouve que la masse devient plus grande aussi et conformément aux nombres déduits de la théorie de M. Abraham. » M. H. Pellat, Le nouvel état de la matière (Revue scientifique, 29 avril 1905, p. 518, 519).