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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

arrivaient à avoir, grâce à certaines concordances expérimentales, une base suffisamment solide pour asseoir la systématisation physique, il serait certain que les lois de la mécanique actuelle ne seraient plus qu’une dépendance


    Or les lois de l’électricité expliquent cette énorme vitesse de rotation en admettant que ces petits corps ont la même masse et la même charge électrique que le corpuscule rencontré dans les rayons cathodiques. »

    « On a pu se faire une idée de la grosseur d’un corpuscule et de sa distance moyenne au centre de l’atome. On a trouvé qu’en prenant pour unité de longueur le diamètre d’un corpuscule supposé sphérique, la moyenne des distances de ceux-ci au centre de l’atome est exprimée à peu près par le même nombre que la distance de la terre au soleil, en prenant comme unité de longueur le diamètre de la terre. Ainsi, proportionnellement à leur grosseur, les corpuscules sont aussi loin du centre de l’atome que les planètes le sont du centre du soleil. Vous voyez combien est juste la comparaison entre le système solaire et le système atomique.

    Le nombre des corpuscules qui gravitent autour du centre de l’atome est considérable. L’atome d’hydrogène, qui en renferme le moins, en contient un nombre probablement compris entre mille et deux mille. Les atomes des autres corps simples en renferment des nombres proportionnels à leur masse. Ceux qui ont des masses relativement élevées, comme l’atome de l’uranium ou celui du radium, en possèdent probablement plus de 300 000.

    …Le corpuscule est toujours identique, qu’il provienne d’atomes de fer, de cuivre, d’hydrogène, etc. Il n’est pas impossible que le noyau positif soit lui aussi constitué par des parties identiques dans les atomes de toutes natures. Les atomes différeraient alors, non par leur matière constitutive, mais par la quantité positive de matière positive ou électron positif, et par le nombre, la disposition des corpuscules ou électrons négatifs. Ainsi il se peut que la théorie corpusculaire conduise à l’unité de la matière, idée si chère aux esprits philosophiques ; unité pourtant pas tout à fait, puisqu’elle nécessiterait deux matières fondamentales distinctes : l’une l’électron positif, l’autre l’électron négatif inséparable d’une charge d’électricité négative. Mais cette petite complication amènerait une autre simplification importante : ces deux matières se confondraient avec les deux électricités elles-mêmes.

    Enfin un des résultats les plus importants de la théorie corpusculaire est dû au physicien allemand Abraham. Il a montré que l’inertie, cette propriété fondamentale de la matière, reconnue depuis Galilée, est une conséquence nécessaire du principe de la conservation de l’énergie et des lois antérieurement connues de l’électromagnétisme, si l’atome est constitué par de petits corps électrisés très éloignés les uns des autres par rapport à leur grosseur, c’est-à-dire si l’atome a précisément la constitution que les conditions précédentes ont fait admettre. La masse de la matière paraît ainsi être entièrement due à un phénomène électromagnétique. La loi fonda-