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CONTINUATEURS DU MÉCANISME, HYPOTHÈSES FIGURATIVES.

masse en en faisant une fonction du mouvement. Tous sont mécanistes, parce qu’ils prennent leur point de départ dans des mouvements réels.

Vouloir réduire le mécanisme à telle formule stricte, à la formule de l’atomistique de la premième moitié du XIXe siècle, puisque c’est encore la traduction pour beaucoup de ses critiques, c’est se refuser à comprendre le mécanisme contemporain, son phénoménisme, son relativisme, sa souplesse, son véritable point de vue.

Et à quelles contradictions, à quelles confusions n’est-on pas conduit dans cette manière de voir, volontairement restreinte ? Stallo, dont on cite partout l’ouvrage comme une représentation fidèle de l’état de la physique moderne, n’est-il pas conduit dans ses premiers chapitres d’exposé à des discordances étonnantes ? Le mécanisme exclurait la notion de force, et dans le premier chapitre chargé d’amener cette définition du mécanisme, je trouve presque partout, avec les citations qu’il fait des physiciens mécanistes, des dérogations à cette définition, par l’admission explicite de la notion de force.

9. — Qu’est-ce donc qui reste comme caractéristique essentielle du mécanisme actuel ? Il reste ceci : la physique théorique doit demeurer en continuité avec la mécanique et se fonder sur la notion du mouvement, partant en accord avec les principes requis pour l’explication du mouvement. Tout phénomène physique peut donc légitimement se représenter par un agencement de mouvements perceptibles (donnée d’une expérience réelle ou possible), par un mécanisme. Cette représentation n’est pas seulement possible, elle est nécessaire. Et je crois que, en reprenant toute l’histoire des sciences physico-chimiques, on pourrait montrer que le mécanisme — comme son nom l’indique, — n’a jamais désigné autre chose. Seulement, les contingences historiques, les progrès de la mécanique eux-mêmes, les intransigeances des savants et de ceux qui parlèrent en leur nom ont restreint parfois son sens.

Aujourd’hui, et depuis le dernier tiers du xixe siècle, il n*est pas possible de se méprendre » La multiplicité des