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CONTINUATEURS DU MÉCANISME, HYPOTHÈSES FIGURATIVES.

matiques et les plus généralisateurs des hommes, ne pouvaient manquer de remarquer ces tendances et de les considérer comme l’expression claire et distincte du mécanisme. Aussi dans la critique scientifique, qui resta jusqu’à ces derniers temps l’œuvre à peu près exclusive des philosophes, et dans l’histoire des sciences qui ne peut s’établir que sur cette critique, le mécanisme prit-il le sens d’une doctrine qui ne s’appuyait que sur les notions de masse et de mouvement.

Ce qui accrédita l’erreur, c’est que nombre de savants ne cessèrent jamais de marier les conclusions métaphysiques aux résultats scientifiques ; ils rabaissaient les premières à une banalité vulgaire, à une philosophie à œillères, singulièrement mal informée de certains problèmes, surtout de ceux qui concernent la nature de la connaissance et de l’esprit, et faussaient les seconds en voulant à toute force leur faire dire ce pourquoi ils ne sont pas faits. Tous ils donnaient au mécanisme son sens le plus étroit, le plus dogmatique et le plus métaphysique. Mais comme c’étaient à peu près les seuls qui vulgarisaient (le mot n’eut jamais un sens plus plein) les sciences physico-chimiques, les seuls que connaissaient la plupart des philosophes, le mécanisme fut pris en général dans cette acception.

Presque toutes les critiques du mécanisme que nous avons examinées jusqu’ici ont été influencées et très fortement par cette extension d’une tendance particulière et spéciale de certains mécanîstes, ou par cette restriction arbitraire de la doctrine. On a vu, étudié, critiqué le genre à travers l’espèce[1].

7. — Mais cette confusion relative au sens de la doctrine mécaniste n’a pas été la seule, car elle en a entraîné d’autres à sa suite. Le mouvement ne paraissant clairement représentable à la réflexion commune que s’il est rapporté à des éléments fixes, le mécanisme traditionnel a été restreint à l’atomisme.

Les deux conceptions se mêlèrent dans l’esprit de cer-

  1. Stallo, La matière et la Physique moderne, p. 11, 12. (F. Alcan).

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