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ET INTÉRÊTS DIVERS QU’IL PRÉSENTE.


III. — RAPPORTS DE LA LOGIQUE DES SCIENCES AVEC L’HISTOIRE DE L’ESPRIT SCIENTIFIQUE


1. — Ce n’est pas seulement à la philosophie que cette contribution à l’histoire des sciences et de l’esprit scientifique pourra peut-être rendre quelques services, c’est encore à la logique des sciences, si toutefois l’on conçoit la logique comme une recherche positive, et si on la différencie d’avec ce point de vue général sur les choses auxquelles Renan réservait le nom de philosophie, pour s’en tenir au point de vue strictement scientifique.

Sous le nom d’épistémologie, ou de logique des sciences, on entend d’ordinaire la discussion dialectique et assez lointaine des moyens que la connaissance scientifique met en œuvre. La valeur de l’expérience, la valeur de la raison, la valeur des idées générales, la valeur des catégories de l’entendement, la valeur des principes premiers sur lesquels s’appuient les théories scientifiques, la valeur de l’intelligence, en somme la nature de l’esprit considéré comme fonction de connaissance, et la nature de l’expérience, considérée comme objet de cette connaissance, voilà les problèmes que l’on voit d’ordinaire agités par ces spéculations. Elles ont toutes une tendance plus ou moins nette vers la métaphysique ; et les solutions proposées sont toutes inspirées par l’esprit métaphysique. Je suis loin de nier l’intérêt et même l’utilité de la métaphysique. Elle est l’aboutissant nécessaire de tout effort vers une conception totale de l’Univers, donc de tout effort continu et sans timidité vers la connaissance. Mais la métaphysique n’a de prix qu’à condition d’être un aboutissant. Elle doit venir après la science et non avant la science, ni pendant la science. Elle ne doit ni prévenir ni intervenir. Aussi, avant d’entreprendre la métaphysique de la connaissance, et de la science, et avant d’aborder la métaphysique ontologique qui traite de la nature de l’objet à connaître et de l’agent de la connaissance, il est non seulement légitime, mais nécessaire d’es-