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CONTINUATEURS DU MÉCANISME, HYPOTHÈSES FIGURATIVES.

définition, le résultat de la collaboration de l’activité de l’esprit et de l’expérience externe ? Si l’on admet que la connaissance est relative, on admet que la connaisèance ne se fait qu’à travers l’esprit, qu’elle est subordonnée à l’organisme mental de notre race, à l’instinct de l’espèce, qu’elle est humaine en un mot. La connaissance est relative, parce qu’elle est le résultat d’une relation établie entre les choses inconnues en elles-mêmes et l’esprit inconnu en soi. Supprimez l’intervention de l’esprit et vous retombez sur un dogmatisme immanent. L’énergétique seule en étant phénoméniste serait conséquente avec elle-même.

Mais le mécanisme, qui ne fait point de théorie tlé la connaissance, car il juge que ce n’est point du ressort de la physique, admettrait très bien cela. Les théories de la connaissance lui sont indifférentes ! Que le phénomène résulte d’une collaboration de l’esprit avec les choses ou non, peu importe : il est le primum datum, il est le seul datum, il est l’expérience. Il est ce que nous cherchons à atteindre et à étreindre d’aussi près que possible par la connaissance, par la science. C’est sur lui que notre esprit agit dans l’œuvre scientifique. Et cette activité, à la seconde puissance, si l’on veul, le mécanisme prétend qu’elle ne doit rien ajouter d’elle-même aux résultats qu’elle produit, tandis que l’énergétique et l’école critique prétendent qu’elle doit toujours leur ajouter quelque chose.

c) Cette différence en entraîne une autre. L’énergétique est essentiellement ce que Poincaré appelle, en caractérisant une étape de l’évolution de la physique, une physique des principes. Elle se soucie peu d’aboutir à une représentation des phénomènes, à une figuration imagînative, justement parce qu’elle croit que l’ossature des théories dépend des exigences de la pensée beaucoup plus que de l’expérience perceptive. La systématisation se fait donc au moyen de concepts par lesquels l’esprit cherche à manier commodément les phénomènes, et ces concepts ou principes sont formés par l’esprit, avec le concours de l’expérience certes, mais aussi en vue de l’utilisation facile par l’esprit