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CONTINUATEURS DU MÉCANISME, HYPOTHÈSES FIGURATIVES.

lour comme un phénoménisme expérimental, ne diffère pas essentiellement des autres écoles de la physique. On arrive alors à cette importante conclusion que je développerai davantage quand je tirerai l’enseignement qui se dégage, à mon avis, de cet examen historique : Il y a un esprit général de la physique contemporaine. Et l’on peut dire : « Voilà la physique théorique », pour reprendre le mot de Kant. Elle évolue avec les progrès de la science, mais elle évolue d’une façon unilinéaire, en se complétant et non en se détruisant, en ralliant toujours, à des nuances près, l’unanimité des physiciens : Autant dire qu’elle vise à une organisation rationnelle de l’expérience, et à mesure, y parvient. Cette conclusion intéresse au plus haut point le problème de l’objectivité de la physique et fournira les bases les plus sérieuses pour une induction vers une solution définitive.

b) Mais s’il y a une base naturelle et une large base d’accords pour toutes les interprétations de la physique, si celle-ci se dégage de la diversité des tendances, inséparable de toute forme de l’activité humaine, à peu près comme une découverte particulière se dégage des efforts répétés d’une généralisation, il n’en reste pas moins que les tendances sont diverses, que leurs nuances individuelles doivent être relevées par l’historien, car elles portent des enseignements précieux pour déceler les facteurs d’une évolution, et pour aider à la prévision future. Si proche donc que le « mécanisme nouveau » soit, par son phénoménisme, son caractère descriptif de l’énergétique, il en diffère par un autre côté qui n’est point négligeable.

L’énergétique n’admet pas — en gros — que la systématisation théorique soit guidée uniquement par l’expérience. Elle considère que la systématisation dépend essentiellement des exigences de l’esprit et de la connaissance. Le principe d’épargne de la pensée, dans Mach, joue un rôle considérable, et ce principe guide tous ceux qui se rattachent à l’école énergétique. Si Ostwald considère que l’atomisme a fait son temps, c’est qu’il trouve que les théories auxquelles on est amené, lorsqu’on veut raccorder les lois de la phy-