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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

tude et de précision que possible. L’expérience, pratiquée dans les sciences physico-chimiques, vise donc à la plus grande objectivité possible, et l’obtient. Et c’est bien par une telle expérience que se fonde, et se fonde uniquement le mécanisme.

Si l’on se souvient maintenant d’une des assises du mécanisme, à savoir que pour lui le phénomène complexe et ses nuances subjectives dérivent de l’interférence de phénomènes aussi concrets, aussi réels que lui, existant au même titre, dans la nature, si l’on se rappelle que l’élément abstrait et général n’est qu’une sensation particulière ou une moyeime statistique de sensations particulières, à laquelle une foule d’autres sensations nous ramènent toujours, comme à leurs conditions nécessaires et suffisantes d’apparition ou de variation, on comprend avec quelle solidité se pose l’objectivité des sciences physico-chimiques dans le mécanisme. Le mécanisme considère la théorie physique conune une description, sans addition ni retranchement, du système réel des sensations que rhomme normal doit ressentir dans des conditions bien déterminées. La théorie physique établit entre les sensations un ordre équivalent à leur ordre naturel : sous sa forme achevée, elle pose des sensations-conditions, et ordre dans lequel va se poursuivre la série des sensations conditionnées à partir de ces sensations-conditions. Lorsque la théorie doit céder le pas à l’hypothèse, l’hypothèse ne doit et ne peut qu’imaginer à son tour à partir de sensations-conditions possibles, un ordre possible de sensations conditionnées.

Si l’existence objective, c’est ce qui peut affecter nos sens, les sciences physico-chimiques dans l’interprétation mécaniste, ont une valeur objective complète.