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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

relles, d’accord avec tous les travaux scientifiques du xixe siècle. Ce qu’il affirme quand il dit que la nature est une, c’est que tous les phénomènes en dernière analyse se décrivent et s’expliquent à partir d’éléments d’espèces très peu nombreuses ou de lois statistiques, de moyennes. Mais pour retrouver les phénomènes complexes qui dérivent de ces phénomènes simples et élémentaires, oa est conduit à des constructions étrangement compliquées. Nous ne voyons la plupart du temps les choses qu’en gros, en très gros ; nous jalonnons le terrain ; nous ne dessinons pas tous les accidents[1].

22. — La conclusion qui ressort de l’analyse du mécanisme, c’est l’objectivisme de ce système. Le mécanisme, c’est, si l’on veut, la croyance en la réalité de la théorie physique (quand celle-ci a été contrôlée), en donnant dans cette formule, aux mots croyance et réalité, la même valeur que dans cette autre formule : la croyance en la réalité du monde extérieur.

Le mécanisme prétend s’acheminer au milieu de la multitude des conjectures insuffisantes ou erronées, vers la reproduction de l’expérience physique totale. Au terme, nous devons avoir la description complète de l’univers matériel depuis les phénomènes élémentaires qui en constituent la trame, jusqu’aux détails complexes sous lesquels il apparaît à nos sens.

Mais il ne faut pas oublier que le fond des critiques adressées au mécanisme revient à dire que l’objectivité de ce système n’est qu’apparente et qu’en réalité il fausse les résultats de l’expérience en y surajoutant des hypothèses arbitraires. Cette objection relève directement du cadre de cette étude ; et il faut examiner comment les mécanistes s’en défendent.

23. — Tous allèguent d’abord que les hypothèses qu’on trouve dans la physique théorique qu’ils ont construite sont toujours présentées comme des hypothèses. Ces conjectures ne prétendront à l’objectivité que lorsqu’elles

  1. Voir à ce sujet J. Perrin, La Discontinuité de la matière (Revue du mois, mars 1906, p. 323).