Page:Rey - La théorie de la physique chez les physiciens contemporains, 1907.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
267
CONTINUATEURS DU MÉCANISME, HYPOTHÈSES FIGURATIVES.

semble, comme dans les systèmes d’équations différentielles, alors on eut beau jeu d’objecter au mécanisme la grande erreur de la simplicité des lois naturelles. Presque toutes les reconstructions dialectiques du mécanisme ont affirmé la liaison de la simplicité de la nature avec l’unité et l’homogénéité des phénomènes élémentaires. Comme cette unité et cette homogénéité sont une conséquence de la conception mécaniste, elles en concluent que logiquement la simplicité des lois naturelles en est une autre. Il faut accepter à la fois les deux principes, ou les rejeter à la fois. Or, tous les progrès des sciences physico-chimiques conduisent nettement à rejeter la simplicité des lois naturelles. On en conclut que le principe de l’unité de la nature, et par suite que le mécanisme, sont dialectiquement insoutenables.

Une remarque bien simple eût dû mettre en garde contre cette critique facile, si facile qu’on s’étonnerait à bon droit si elle avait la moindre valeur, que tant de savants luttant chaque jour contre la complexité, parfois inextricable des lois naturelles, eussent pu rester mécanistes. Toutes les critiques adressées au mécanisme d’un point de vue non plus dialectique, mais exclusivement scientifique, font au mécanisme le reproche tout à fait opposé. Elles lui objectent ses théories trop compliquées quand il descend aux explications de détail, les prodigieux labyrinthes des modèles mécaniques construits pour représenter le gros, — seulement le gros ! — d’un phénomène. Les formules s’embarrassent d’une façon insensée, elles aussi, et souvent sans pouvoir suivre jusqu’au bout le détail de l’hypothèse. Comment concilier ces critiques avec celles qui objectent au mécanisme sa croyance en la simplicité des lois naturelles, et le mettent ainsi en opposition directe avec toutes les sciences physico-chimiques actuelles ?

La conciliation n’est même pas à chercher. Les critiques des savants sont pleinement valables ; les hypothèses mécanistes trop pressées d’entrer dans le détail des phénomènes sont d’une complication inouïe. Le mécanisme proclame par là même sa croyance en la non simplicité des lois natu-