Page:Rey - La théorie de la physique chez les physiciens contemporains, 1907.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
250
L’ANALYSE DES DOCTRINES.

engendrée, une certaine quantité d’énergie mécanique disparaît, toujours identique, constante et réciproquement. D’après l’expérience, la chaleur est donc une transformation de l’énergie.

L’énergie nous est connue sous deux formes : voilà une deuxième donnée de l’expérience, car toute expérience nous montre un corps en mouvement ou en repos. Dans le premier cas il possède une énergie, conséquence de son mour vement et qu’il communique toujours à quelque autre corps avant de passer à l’état de repos. Dans le second, l’expérience nous montre qu’un corps possède une énergie qui dépend de sa position par rapport à d’autres corps. Maxwell prend comme exemples empiriques une horloge et une montre et il fait voir que jusqu’à ce que l’une ou l’autre soient mises en marche, l’existence de la capacité de travail qu’elles recèlent n’est accompagnée d’aucun mouvement sensible ; cette capacité exista donc dans un corps ou un système de corps dont toutes les parties sont au repos, et ceci, toujours d’après l’expérience.

Puisque l’expérience a montré que la chaleur est une modalité de l’énergie et qu’il y a deux formes générales de l’énergie, une nouvelle question se pose : la chaleur est-elle une modalité de l’énergie potentielle ? À l’expérience encore de répondre. Elle montre qu’une partie au moins de l’énergie du corps chaud doit être de l’énergie provenant du mouvement de ses particules, ou énergie cinétique. Chaque corps chaud possède donc un certain mouvement. Nous avons maintenant à rechercher de quelle nature est ce mouvement. Cette fois-ci, l’expérience directe ne peut nous renseigner. Mais ce sera d’après des analogies de l’expérience, d’après une hypothèse qui cherchera à se rapprocher autant que possible des conditions de la représentation, à anticiper sur une expérience possible, que Maxwell continuera la théorie de la chaleur, et l’achèvera grâce à une théorie moléculaire de la matière.

L’expérience[1] fait elle-même le départ du général et du primitif, du complexe et du dérivé. L’expérience nous force à considérer le mouvement comme le terme néces-

  1. Maxwell, Théorie de la Chaleur, p. 386 à 391