Page:Rey - La théorie de la physique chez les physiciens contemporains, 1907.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
249
CONTINUATEURS DU MÉCANISME, HYPOTHÈSES FIGURATIVES.

révèle que du mouvement. Le mouvement est donc une donnée primitive. Le mouvement et ses lois et les propriétés immédiates qu’il implique permettront donc de construire une théorie physique ; et c’est l’expérience qui l’aura autorisée directement.

On peut dire que par rapport aux principes fondamentaux de la physique, l’expérience peut se figurer par une ligne qui se prolonge constamment identique à elle-même. La possibilité de la prolonger est prouvée, au fond, comme la possibilité de tracer indéfiniment une droite, parce que l’opération par laquelle on la trace peut se répéter identiquement et indéfiniment. Faire une expérience nouvelle nous amène toujours à prolonger la ligne, à retrouver les principes. On voit que le mécanisme a raison, sur le terrain expérimental au moins, le seul sur lequel il veut rester placé, de dire qu’ils ne peuvent être atteints par le doute. On ne peut pas lui demander une justification logique, puisque pour lui cetle justification serait sans valeur, la logique n’ayant aucune valeur cognitive.

La physique mécaniste apparaît donc depuis la base jusqu’au sommet comme une conception expérimentale, et uniquement comme une conception expérimentale. Si, par son contenu, elle peut se définir une promotion de la mécanique, par sa méthode et les principes que cette méthode lui a imposés, elle est une promotion de l’expérience.

12. — Une bonne illustration de cette méthode, illustration qui met clairement en lumière les prétentions et la nature intime de la théorie mécaniste se trouve dans les chapitres du traité de Maxwell sur « La Chaleur », où est posée la théorie moléculaire ou mécanique de la chaleur.

La chaleur est une forme de l’énergie ; c’est une donnée de l’expérience, parce que « la chaleur peut être engendrée par l’application d’un travail » et que le mot énergie désigne la quantité de travail que peut effecluer un corps, sa capacité de travail. Dans cette transformation, si l’on convient de choisir une unité de chaleur et une unité de travail, l’expérience montre que pour chaque unité de chaleur