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CONTINUATEURS DU MÉCANISME, HYPOTHÈSES FIGURATIVES.

nature véritables, les principes déjà posés. Le mécanisme se sera complété. Il n’aura pas été renversé. Il ne peut l’être, à moins que l’expérience tout entière le soit ; mais à cette hypothèse folle, il n’est rien qui puisse résister, pas même notre logique.

10. — Mais le mécanisme va encore plus loin, et il montre que cette assise objective non seulement est solide, mais encore inébranlable. Et, sans sortir de ses prémisses, sans recourir à des conditions d’intelligibilité qui dépassent l’expérience, le mécanisme s’efforce de donner aux principes issus de Texpérience, le caractère apodictique de la nécessité géométrique, caractère que les philosophes ne veulent accorder d’ordinaire qu’à l’intuition ou à la forme a priori. Les théories physiques doivent être les représentations sensibles des choses. Par un agencement des données sensibles, qui ont été retenues d’après les indications de l’expérience, comme les principes élémentaires et primordiaux de la construction scientifique, les phénomènes seront reproduits et prévus avec toutes leurs particularités. De là, résulte un critère remarquable qui permet de reconnaître entre toutes les données objectives, celles qui sont fondamentales : En combinant ces dernières les unes aux autres, et sans adjonction de principes nouveaux, on doit reconstruire les phénomènes physiques et leur histoire, ou, si l’on veut, toutes les possibilités de prévisions qu’ils comportent. Cette reconstruction ne doit pas être une reconstruction logique et idéale : nous outrepasserions absolument les prémisses du mécanisme. Elle doit être une reconstruction réelle, un agencement réel d’éléments réels, un agencement empiriquement représentable d’éléments empiriquement représentables. Toutes les articulations de cette construction seront, par conséquent, des cas déterminés présentés dans l’expérience, ou — la perfection n’étant pas encore du monde des sciences physico-chimiques, — s’inspireront le plus directement possible de cas déterminés présentés dans l’expérience.

Ainsi, quand d’une part l’expérience nous fait atteindre des éléments réels tels qu’avec leur aide et avec elle seule,