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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

« Pour atteindre à de si grands résultats, pour enchaîner une telle multitude de phénomènes par les liens d’une même loi générale et conforme à la nature des choses, l’esprit humain a suivi une méthode simple et invariable. Il a constaté les faits par l’observation et par l’expérience ; il les a comparés, et il en a tiré des relations, c’est-à-dire des faits plus généraux qui ont été à leur tour, et c’est là leur seule garantie de réalité, vérifiés par l’observation et par l’expérience. Une généralisation progressive, déduite des faits antérieurs et vérifiée sans cesse par de nouvelles observations, conduit ainsi notre connaissance depuis les phénomènes vulgaires et particuliers jusqu’aux lois naturelles les plus abstraites et les plus étendues. Mais dans la construction de cette pyramide de la science, toutes les assises, de la base au sommet, reposent sur l’observation et sur l’expérience. C’est un des principes de la science positive qu’aucune réalité ne peut’être établie par le raisonnement. Le monde ne saurait être deviné. Toutes les fois que nous raisonnons sur des existences, les prémisses doivent être tirées de l’expérience et non de notre propre conception ; de plus la conclusion que l’on tire de telles prémisses n’est que probable et jamais certaine. Elle ne devient certaine que si elle est trouvée à l’aide d’une observation directe conforme à la réalité.

« Tel est le principe solide sur lequel reposent les sciences modernes, l’origine de tous leurs développements véritables, le fil conducteur de toutes les découvertes si rapidement accumulées depuis le commencement du xviie siècle dans tous les ordres de la connaissance humaine[1]. »

Voilà qui est net : toutes les découvertes empiriques s’organisent en un système bien lié, en un corps hiérarchique où les différents degrés de la hiérarchie sont fixés, d’une façon rigoureuse, par l’expérimentation. Des erreurs peuvent être commises en fait ; comme dans une administration la valeur des fonctionnaires peut ne pas correspondre à leur ordre de subordination. Mais tôt ou tard

  1. Id., p. 203.