thèses contradictoires, dans toutes les parties où la science physique possède des données insuffisantes pour construire les représentations harmoniques des phénomènes. On a quelquefois pris prétexte de ceci pour critiquer le mécanisme. On ne voyait pas que c’était une conséquence nécessaire de ses principes premiers, et que l’objectivité complète, qu’il vise et qu’il se fait fort d’atteindre avec le temps et des progrès ininterrompus, n’en est nullement compromise. Au contraire, c’est une preuve de l’objectivité ou plus exactement de la tendance objectiviste de la théorie. Elle se laisse porter avec l’expérience, par les analogies de l’expérience ; elle ne veut accepter d’autre guide. Aussi, ne faut-il jamais pour un besoin logique corriger les conclusions d’expériences particulières ou les analogies d’une série d’expériences. Si ces conclusions ou ces analogies nous imposent des vues qui nous apparaissent contradictoires avec d’autres conclusions ou d’autres analogies, ce n’est pas une raison pour déclarer que nous sommes dans l’erreur. Rien ne prouve que des expériences nouvelles, ou poussées plus loin, ne fondent, en raison comme en fait, la contradiction observée, et ne la résolvent dans le sens de l’une ou de l’autre des théories contradictoires ou d’une troisième qui lève la contradiction. Il faut donc accepter, pourvu que les règles de la méthode expérimentale aient été scrupuleusement observées, les conclusions de l’expérience, encore qu’elles semblent contradictoires. Ce que nous sommes en droit d’en conclure est, non que nons nous sommes trompés, mais que l’expérience est incomplète et que nous ne possédons pas la vérité totale[1].
L’esprit rigoureusement expérimental du mécanisme se montre encore par une autre tendance que l’on rencontre fréquemment chez ses représentants : c’est la méfiance du
- ↑ Cf. Maxwell : Traité de l’électricité. Tous les critiques, en particulier Poincaré, et surtout Duhem, en ont remarqué l’inconsistence logique, et même les contradictions. Il est pourtant sorti de l’influence qu’il a exercée une riche moisson de découvertes. — Cf. aussi les « modèles mécaniques » de la physique anglaise. Ils peuvent être contradictoires, et pourtant féconds. En tout cas les physiciens anglais se soucient peu qu’ils soient on non contradictoires.
