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DÉLIMITATION DU PROBLÈME

tions générales qui se posent relativement à l’esprit des sciences physico-chimiques contemporaines, celle qui a surtout attiré l’attention des savants, et qui a été le plus agitée par les philosophes. La monographie que je tente a donc une importance générale. Cette importance paraît plus grande encore, si l’on songe que les sciences physico-chimiques, par leurs méthodes, leurs progrès, leurs résultats, leur rôle dans la science moderne, occupent — et maintenant plus que jamais — une position prédominante. Ne dit-on pas d’une discipline qui veut être aussi positive que possible, dans un domaine quelconque du savoir, qu’elle est une méthode physique ? Et n’est-ce pas la physique qui fournit à ceux qui se défient des solutions métaphysiques, les bases des réponses qu’ils essayent aux questions générales relatives à l’Univers ?

Si donc le sujet que j’ai entrepris de traiter est défini avec précision, et restreint en d’étroites limites, il n’en a pas moins une importance philosophique générale.


II. INTÉRÊT PHILOSOPHIQUE DES ÉTUDES RELATIVES
À L’HISTOIRE DE L’ESPRIT SCIENTIFIQUE


1. — On a souvent considéré — et la philosophie idéologique et dialectique devait amener fatalement à cette conclusion — que la philosophie était un ordre d’études isolé et indépendant, une spéculation particulière qui n’avait rien ou à peu près rien de commun avec les sciences et les techniques positives. Je crois cette idée très fausse. La philosophie sérieuse, celle qui a pour elle la tradition des grands philosophes et qui a été vraiment féconde, est l’œuvre des savants et elle continue la science parce qu’elle n’est qu’un point de vue nouveau sur les mêmes objets, et un point de vue complémentaire auquel amène nécessairement l’étude scientifique la plus positive. Celle-ci ne progresse que parce qu’elle veut pousser toujours plus loin qu’elle n’est strictement fondée à le faire ses principes d’explication : la découverte est à ce prix. Mais au moment même où la science dépasse, par ses hypothèses, les étroites frontières de la