propriété qui repose sur la nature des choses, c’est-à-dire sur la nature du phénomène, et sur la nature de la science. La théorie traduit l’expérience objective, et cela d’une façon unilinéaire. Il faut dans la science achevée que l’ensemble de l’expérience soit représenté par une théorie et une seule.
3. — La question de prouver l’objectivité de la physique ne se pose même pas ici. L’objectivité de la physique est le point de départ, le postulat nécessaire. Le moindre doute sur ce point, la moindre incertitude, la plus petite part de contingence, et l’on sort du mécanisme. La physique pour le mécanisme est objective ou elle n’est pas. Ou plutôt, comme, bien entendu, il s’agit de la physique idéalement conçue comme achevée, débarrassée grâce à l’expérience de toutes les hypothèses fausses, et transformée en une théorie universellement vérifiée, la physique sera objective ou elle ne sera pas.
On se sent ici loin des détours par lesquels on était obligé de passer dans les autres conceptions de la physique pour arriver à poser cette même objectivité.
4. — Aussi le mécanisme répugne-t-il à toute généralisation qui ne serait qu’une vue de l’esprit. Toute généralisation doit être conçue sous l’impulsion directe et en quelque sorte nécessaire de l’expérience. On doit généraliser quand l’expérience ne nous permet pas de faire autrement, quand la nature généralise presque pour nous. Une bonne généralisation, qui n’est pas une fiction dangereuse de l’imagination, sera l’extension naturelle que présente l’expérience elle-même lorsqu’on la fait varier.
Quand elles disaient généralisation, les théories jusqu’ici examinées disaient extension donnée par l’esprit, modification apportée par l’esprit, abstraction, rectification, altération, correction[1]. Faut-il rappeler que tous les psy-
- ↑ « Ainsi on ne se borne pas à généraliser l’expérience, on la corrige. » (Poincaré, Science et hypothèse, p. 170.)
