saire de la science et par les critiques accumulées contre le vieil atomisme traditionnel, d’amender considérablement ses conceptions générales. Le mécanisme s’est transformé, mais sous ses transformations il a gardé ses caractéristiques essentielles : ce qui lui permet de conserver légitimement son nom de mécanisme.
Ces caractéristiques essentielles peuvent être déterminées en se souvenant des grandes lignes du mécanisme traditionnel, car ce dernier se présente à l’historien comme une doctrine beaucoup plus nette et beaucoup plus simpliste, dans ses traits fondamentaux.
D’abord il pose, et c’est là sa base inébranlable, d’où peuvent se déduire tous ses autres caractères, une continuité directe et immédiate entre l’expérience et la théorie. Certes, cette continuité phis ou moins explicite, l’historien la rencontre partout dans les conceptions de la physique théorique. Mais dans toutes celles qui ont été analysées jusqu’ici, une solution de continuité plus ou moins marquée existe entre la théorie et l’expérience. Les exigences de la forme mathématique, on vient de le voir, rendent, pour ces physiciens, la discontinuité nécessaire, et c’est la principale difficulté qu’ils ont à vaincre pour retrouver ensuite le lien non moins nécessaire qui doit exister entre la théorie et Texpérience. Pour emprunter aux logiciens leurs termes, dans toutes les conceptions autres que le mécanisme pur, le lien entre la théorfe et l’expérience est synthétique.
Dans le mécanisme au contraire, il est analytique : la théorie tout entière sort de l’expérience, et veut être le décalque de l’objet. C’est l’objet empirique qui la fonde, la modèle, lui donne ses principes, sa direction, son développement pas à pas, ses résultats et sa confirmation. Il n’est rien dans la physique théorique qui ne soit appuyé sur l’expérience, qui n’en soit issu directement et qui ne soit confirmé par elle. On le prétend du moins. Et toute hypothèse si hasardée et générale qu’elle soit sera fondée sur l’expérience, et sera essentiellement une hypothèse vériliable.
Les mécanistes adoptent sur ce point les opinions de
