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CHAPITRE II
Les traits fondamentaux du mécanisme actuel[1]


I. — Le rôle de l’expérience.

1. Continuité directe et immédiate de l’expérience et de la théorie. — 2. Possibilité de l’expérience cruciale dans toutes les hypothèses physiques acceptables. — 3. Le mécanisme n’a pas besoin de chercher à prouver l’objectivité de la physique.


II. — Les principes de la physique.

4. La généralisation et la nature des principes. Ils sont le décalque de l’expérience. — 5. L’existence d’hypothèses contradictoires, loin d’être une objection à cette vue, en est au contraire une confirmation : méfiance du raisonnement. — 6. La validité des principes de la physique. — 7. Ce qui la fonde, c’est au fond l’unité empirique de la nature, quelle que soit la complication incontestable et croissante des apparences superlicielles. — 8. Le mécanisme n’en admet pas moins un progrès dans la synthèse mécaniste, non que les principes puissent être complètement renversés, mais parce qu’ils reçoivent de l’expérience des extensions nouvelles ou sont complétés par des principes nouveaux. — 9. En dernière analyse, les principes de la physique sont définitifs, dans les limites où l’expérience les a confirmés ; mais seulement dans ces limites. Définitifs dans leur cercle, ils ne sont pas exclusifs d’autres principes ou de modifications nouvelles, dans un cercle plus large. — 10. Réalisme des principes : La théorie physique doit être construite en terme de représentations sensibles, c’est-à-dire au moyen d’éléments réels tirés de

  1. Remarque sur la méthode. — Il n’est guère possible de suivre pour exposer la théorie mécaniste la méthode qui a été suivie pour les autres conceptions de la physique. Ces conceptions, en effet, avaient été exposées d’une façon explicite par l’un ou par quelques-uns de leurs adeptes. En analysant les travaux de ces savants, il était possible de définir complètement l’esprit général qui animait leurs écoles. Mais avec le mécanisme tout change. D’abord c’est une doctrine plus plastique : on n’en finirait pas à vouloir exposer toutes ses nuances ; ce fait ne doit pas d’ailleurs étonner, étant donné le nombre de ses adeptes. Ensuite, il n’en est à ma connaissance aucun qui se soit proposé de définir et d’exposer entièrement la théorie de la physique mécaniste. Elle paraît si naturelle, la tradition aidant, qu’on ne songe pas à l’analyser.