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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

Du Bois-Reymond a dit plus récemment (1881) :

« La science naturelle ou, pour parler plus exactement, la connaissance scientifique de la nature, ou la connaissance du monde matériel avec l’aide et dans le sens de la physique théorique, est une réduction des changements du monde matériel à des mouvements d’atomes causés par des forces centrales indépendantes du temps, c’est-à-dire une réduction des phénomènes de la nature à la mécanique atomique. C’est un fait d’expérience psychologique que toutes les fois qu’une telle réduction est effectuée avec succès, notre besoin de causalité est, pour le moment, complètement satisfait. Les propositions de la mécanique peuvent se ramener à la forme mathématique, et portent en elles-mêmes la certitude apodictique qui appartient aux propositions des mathématiques. Quand les changements dans le monde matériel ont été réduits à une somme constante d’énergie potentielle et motrice inhérente à une masse constante de matière, il ne reste plus rien à expliquer dans ces changements.

« L’assertion de Kant, dans la préface des Fondements métaphysiques de la science de la nature, que « chaque branche des sciences physiques ne contient de science proprement dite que ce qu’il y a de mathématiques », doit être précisée en substituant « mécanique atomique », à « mathématiques ». C’était évidemment sa propre pensée quand il refusait le nom de science à la chimie. C’est un fait curieux à remarquer que, de notre temps, la chimie, depuis qu’elle a été contrainte par la découverte des substitutions, à délaisser le vieux dualisme électro-chimique, a fait en apparence un pas en arrière dans sa marche vers la science ainsi conçue. La résolution de tous les changements dans le monde matériel en mouvements d’atomes causés par leurs forces centrales constantes serait le complément de la science naturelle[1]. »

Certes, Du Bois-Reymond a été l’un des plus ardents à proclamer la relativité de la connaissance. Le mécanisme

  1. Cité par Stallo : La matière et la Physique moderne, p. 6 et 7.