possible d’exprimer quantitativement, c’est-à-dire les relations de ces sensations.
Réduction du qualitatif au quantitatif, de l’hétérogène à l’homogène, voilà encore un des caractères nécessaires des sciences physico-chimiques dans la conception de Poincaré[1] : N’est-ce pas aussi un des traits distinctifs, le postulat spécifique de la conception classique ? Par là, l’une rentre indéniablement dans l’autre ; et la conception de Poincaré, malgré son originalité indéniable, doit être considérée comme une manifestation de l’esprit général qui a animé la science depuis la Renaissance. Par là, encore, cette théorie avec toutes les théories contemporaines des physiciens s’oppose sans compromis et sans détour aux tendances à ne voir rien de réel en dehors de la qualité pure, à faire de la science ce relativisme immodéré qui confine, logiquement, sinon dans la pratique, à un véritable scepticisme.
La science n’est pas seulement une règle d’action ; la science est aussi science, c’est-à-dire elle fait savoir. Et elle n’est règle d’action que parce qu’elle est précisément connaissance objective. Elle ne nous sert que dans la mesure où elle nous permet de prévoir. Or, si elle prévoit, c’est qu’elle voit. Grâce à elle, nous savons, nous voyons du réel quelque chose que nous n’aurions pas su, que nous n’aurions pas vu, sans elle[2].
4. — La science a donc une valeur explicative. Certes, elle ne prétend pas, elle ne prétend plus, comme le mécanisme traditionnel, la conception ambitieuse de Newton ou de Clarke, reproduire les lois éternelles de l’absolu. Scientifiquement, le mot absolu est un mot vide de sens. Poincaré se garderait de le restaurer. Mais dans les limites de la connaissance humaine, la science a une valeur objective. Le mécanisme traditionnel prétend que de toutes nos connaissances, aucune ne la dépasse en objectivité et en valeur explicative ; Poincaré le prétend aussi.
La science est avant tout un système de relations. Elle classe les phénomènes naturels en un certain nombre de
