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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

élude sur la physique et le mécanisme[1]. Je me contenterai de citer les passages les plus saillants de son étude sur l’état actuel de la science : « Ce que nous avons de plus satisfaisant (comme théorie de l’électricité), c’est la théorie de Lorentz ; c’est sans contredit celle qui rend le mieux compte des faits connus, celle qui met en lumière le plus grand nombre de rapports vrais, celle dont on retrouvera le plus de traces dans la construction définitive… Voyez la facilité avec laquelle le phénomène nouveau de Zeeman a trouvé sa place toute prête et a même aidé à classer la rotation magnétique de Faraday qui était restée rebelle aux efforts de Maxwell ; cette facilité prouve bien que la théorie de Lorentz n’est pas un assemblage artificiel destiné à se dissoudre[2]. »

Or, la théorie de Lorentz, bien qu’elle ne construise pas d’hypothèses matérielles, est une théorie mécanique ; Larmor, il est vrai, a échoué en voulant figurer cette théorie par un mécanisme matériel, du moins d’après Poincaré. Mais « si Lamor a, à mon sens, échoué, cela veut-il dire qu’une explication mécanique est impossible ? Loin de là : j’ai dit plus haut que dès qu’un phénomène obéit aux deux principes de l’énergie et de la moindre action, il coinporte une infinité d’explications mécaniques ; il en est donc ainsi des phénomènes optiques et électriques : Nous devons donc borner notre ambition ; ne cherchons pas à formuler une explication mécanique ; contentons-nous de montrer que nous pourrions toujours en trouver une si nous le voulions. À cela, nous avons réussi[3] »…

Pour les phénomènes irréversibles, Poincaré montre même que la physique tend à admettre que l’irréversibilité n’est qu’apparente : elle serait un effet de la loi des grands nombres ; les idées originales de Gouy sur le mouvement brownien, qui échapperait au principe de Carnot, permettent d’entrevoir la réduction des phénomènes irréversibles aux phénomènes réversibles, et par là à une théo-

  1. Science et hypothèse, p. 202, 212.
  2. Id., p. 205, 206.
  3. Id.