Page:Rey - La théorie de la physique chez les physiciens contemporains, 1907.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
211
CRITIQUE DU MÉCANISME : L’ATTITUDE SIMPLEMENT CRITIQUE.

comme si elle l’était : car qu’elle soit réelle ou apparente « cette simplicité a toujours une cause ». Et c’est cette cause réelle que représente la simplicité de la loi scientifique.

Poincaré, et on s’est servi souvent de cet argument pour l’opposer au mécanisme, déclare que lorsqu’une théorie de ce genre est possible, il y en a toujours une infinité d’autres également possibles. Mais on ne fait pas attention que cela était voulu logiquement par ses prémisses, puisque la théorie doit s’exposer sous forme mathématique. Or, Poincaré prétend que, dans un domaine limité par des conditions données, il y a une infinité de mathématiques possibles. Seulement, en suivant toujours les conséquences logiques des idées de Poincaré, toutes ces théories reviennent au fond au même, puisqu’elles sont toutes comme les différentes mathématiques, traductions l’une de l’autre : un même texte écrit en une infinité de langues. Toutes ces théories établissent donc un texte. Et si une théorie particulière comporte des conventions particulières et arbitraires, le texte, lui, est un ensemble fixe de relations réelles et vraies. Il y a plus. Entre toutes les mathématiques possibles, la nôtre s’est imposée comme celle qui répondait le mieux à nos besoins, à notre expérience, comme la plus « commode ». Ne peut-on dire aussi que la physique traditionnelle (la physique du mécanisme), s’impose comme traditionnelle, parce qu’elle est réclamée par nos besoins, et qu’elle est la plus « commode » ? Le mécanisme repose ainsi sur un ensemble de relations réelles, puisqu’il est la déduction logique suggérée par l’expérience. La tradition, ici, a ses raisons et sa valeur, et nous ne pouvons passer outre.

2. — Poincaré reconnaît en termes formels, sur des exemples positifs, et par une analyse de faits, que l’évolution des sciences physico-chimiques se poursuit d’une façon normale et continue depuis la Renaissance, par conséquent que le mécanisme se développe, loin de rétrocéder, à mesure que ces sciences se développent, et qu’il est comme leur atmosphère naturelle et vraisemblablement nécessaire. Il faudrait citer ici les pages qui concluent une