Page:Rey - La théorie de la physique chez les physiciens contemporains, 1907.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
207
CRITIQUE DU MÉCANISME : L’ATTITUDE SIMPLEMENT CRITIQUE.

Il conclut à cette relativité non à l’aide d’arguments philosophiques, et d’une dialectique a priori, mais en s’appuyant sur les faits que lui fournit le contenu de la science actuelle, sur des raisons positives. Il s’oppose à ce que Ton transforme les théories des sciences physico-chimiques par une métaphysique inconsciente et simpliste, en une connaissance de l’absolu.

Par là, il est d’accord avec l’évolution qui a donné aujourd’hui au mécanisme lui-même son apparence théorique et ôon éloignement des matérialisations grossières. Il s’accorde donc avec le mécanisme actuel, beaucoup plus qu’il n’en diffère, et sur tous les points importants, notamment sur la valeur objective de la science, son unité, la stabilité de ses principes, enfin l’utilité nécessaire, sinon de telle figuration particulière, au moins d’une, représentation sensible en général, pour rendre tangibles et maniables les relations théoriques.

17. — Poincaré, il est vrai, admet à côté des trois principes du mécanisme classique (inertie, action et réaction, indépendance des mouvements), sur le même rang qu’eux et au même titre, les principes de conservation de l’énergie, le principe de Carnot et le principe de la moindre action qui, d’après lui, caractérisent l’énergétique. Ce sont des principes autonomes dont l’application rend aux sciences physico-chimiques les services suivants : 1o d’abord, ils dispensent de l’hypothèse atomique. Je ne mentionne cet avantage que pour mémoire, car l’hypothèse atomique est une hypothèse indifférente, un des costumes particuliers, le plus habituel peut-être, dont on a revêtu la théorie méca^ nique des phénomènes, mais cette théorie elle-même en est complètement indépendante. 2o Ensuite, — ce qui mérite plus d’attention — la théorie devient moins incomplète, « c’est-à-dire que les principes de la conservation de l’énergie et de Hamilton, nous apprennent plus que les principes fondamentaux de la théorie classique, et excluent certains mouvements que la nature ne réalise pas et qui seraient compatibles avec la théorie classique ». En d’autres termes, le mécanisme traditionnel est trop large