développement de la pièce qui nous raconte l’histoire des phénomènes naturels. Mais pourvu que les rapports que Ton établit entre ces images soient bien identiques aux rapports qui existent entre les objets réels, et que ces rapports soient connus, « qu’importe si nous jugeons commode de remplacer une image par une autre » ?
15. — Dans la classification des hypothèses que l’on emploie dans la science, il convient donc de faire une nouvelle distinction et d’en noter à côté des trois premiers genres, un quatrième : les hypothèses indifférentes qui se rattachent aux hypothèses invérifiables et en sont un accompagnement secondaire. À condition qu’elles respectent les relations empiriques d’une part, mathématiques de l’autre, elles établissent comme un passage des unes aux autres en donnant un corps maniable aux conventions abstraites de la théorie, en les rendant aussi plus aisément intelligibles. À côté donc des hypothèses conventionnelles de la mathématique, à côté des hypothèses expérimentales, véritables généralisations que les faits devront confirmer ou infirmer et qui sont toujours fécondes, à côté des hypothèses théoriques, qui forment le fond de la physique mathématique, qui lui fournissent ses principes et qui ne pourront jamais être fausses, il y a enfin les hypothèses qui ne sont ni vraies ni fausses, tout en étant utiles, voire indispensables, qui sont toutes vraies à la fois, dit même Poincaré, parce qu’elles mettent en évidence des rapports vrais[1].
Il fait à ces images, à ces métaphores indifférentes, une place qu’on est peu habitué à leur accorder dans les modernes considérations philosophiques sur la science. Il dit en propres termes « que nous sommes forcés » de les employer dans les théories de la physique : elles sont indifférentes quant à leur forme précise, mais elles sont nécessaires quant à leur rôle général. Nous pouvons les modifier, les changer, nous ne pouvons pas les supprimer. Quelles qu’elles soient, il faut qu’il y en ait[2].
