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CRITIQUE DU MÉCANISME : L’ATTITUDE SIMPLEMENT CRITIQUE.

complètement indifférentes, qui ne seront jamais ni vraies, ni fausses, et qui, même contradictoires entre elles, peuvent coexister. Nouveau rapport qui en résulte avec l’esprit traditionnel de la physique. Nécessité d’hypothèses figuratives, sinon de telle hypothèse figurative. La différence qui subsiste, c’est que ces hypothèses sont nécessairement et toujours relatives, tandis qu’elles avaient une valeur ontologique dans le mécanisme traditionnel.


III. — La relativité de la physique.

   16. — Sens vrai du relativisme de Poincaré : c’est plutôt, comme pour l’école conceptuelle, un positivisme expérimental. — 17. Les principes du mécanisme traditionnel et l’énergétisme. Ils se coordonnent et les seconds complètent les premiers, là où ceux-ci deviennent stériles.


1. — À toute cette théorie de la théorie physique et de la physique mathématique, le mécanisme classique n’aurait rien à reprendre. À mesure que l’on expérimente, parallèlement au travail expérimental, se dégagent des faits élémentaires et leurs lois simples. On peut alors énoncer une théorie générale qui, à l’aide des faits élémentaires et de leurs lois simples permet l’explication de tous les phénomènes complexes d’une même famille, d’un même genre, d’un même ordre. Si l’on s’arrêtait là dans l’exposé des idées de Poincaré, on arriverait à une conclusion bizarre : c’est que ce mathématicien cité partout comme un des critiques les plus autorisés de la science contemporaine se rallie purement et simplement au mécanisme tel qu’il était formulé avant les modifications que lui ont nécessairement apportées les développements récents et de la mécanique et des sciences physico-chimiques. Cette conclusion ne serait pas absolument fausse, mais elle serait incomplète. Poincaré se sépare du vieux mécanisme, qui n’a plus maintenant qu’un intérêt historique. Ce n’est pas une scission. C’est, sous la pression des exigences de la science contemporaine, une modification que l’évolution de cette science lui paraît avoir rendu nécessaire.

Le mécanisme traditionnel considérait que les généralisations théoriques n’étaient que des copies de l’expérience, depuis celles qui sont les plus près des faits jusqu’aux abstractions les plus hautes, jusqu’aux principes fondamen-