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PRÉFACE

2o Que ce fonds de vérités était l’ensemble des résultats purement expérimentaux.

3o Que l’arbitraire — et très étroitement limité par ce fonds stable, définitif — n’existait que dans les constructions théoriques, qui toutes laissaient ce fonds intact et nous le faisaient retrouver intact, parce qu’elles n’étaient que des instruments de travail et de systématisation : ce qui n’est pas réduire leur rôle, car elles se trouvent être ainsi le ressort de toute découverte et de tout progrès dans la science physique. Elles constituent le domaine de l’hypothèse, c’est-à-dire (pour me servir d’une expression prise en un autre sens) des approximations successives de la vérité : ce qui suppose une vérité dont elles approchent de plus en plus. Leur divergence ne provient donc que de leur destination scientifique particulière et du tour d’esprit individuel de chaque savant.

4o Qu’enfin il est légitime de parler d’un esprit général, homogène des sciences physiques, et qu’il permet à la fois une logique positive future des sciences physiques, et une philosophie humaine de la matière et de sa connaissance.

Ce mot humain implique une restriction relativiste ? Peut-être, mais j’avoue n’avoir pu trouver de sens assignable pour mon humaine pensée, à une pensée qui ne serait pas purement humaine. Savoir humain savoir universel, ou savoir sub specie æterni, me paraissent pour l’homme des expressions synonymes ; car, s’il acquiert d’aventure une connaissance qui ait une valeur plus haute, à moins d’une révélation indiscutable, il n’en saura rien.


Décembre 1905