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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

sions sinon identiques, au moins analogues à celles auxquelles avait abouti son examen des sciences mathématiques. Le nom seul de physique mathématique a l’air de l’y convier.

L’effort de Poincaré pourtant va dans un sens tout opposé. Il paraît avoir à cœur de montrer que la physique mathématique est liée, beaucoup plus intimement qu’on ne le déduirait de sa critique des mathématiques, à la physique expérimentale. En passant des mathématiques à la physique, nous sommes bien entrés dans un domaine nouveau, le domaine de la nature et du fait, même lorsque nous gagnons ces régions élevées de l’abstraction qu’on appelle physique mathématique.

Et des deux mots qui forment cette expression, c’est le premier qui a le sens essentiel ; le deuxième n’indique nullement une assimilation aux mathématiques.

La conception de la théorie physique pour ce mathématicien, sans être absolument semblable à la conception traditionnelle y reste affiliée d’assez près.

7. — La physique mathématique est un prolongement nécessaire de la physique expérimentale. Les modilications d’ordre méthodologique qu’elle apporte à la physique n’en excluent pas le caractère expérimental.

7. — a) La physique mathématique est un prolongement de la physique expérimentale.

La description de l’expérience, les constatations qu’elle permet, ne suffisent pas en effet pour constituer une science. Il faut encore qu’on puisse se servir de ces constatations, que cette description puisse être utilisable. Il faut systématiser, ordonner, et pour cela généraliser[1]. Ceci est la formule classique elle-même. Les théories agnostiques de la science, au contraire, prétendent qu’il n’y a point de véritable généralisation : la théorie physique est arbitraire ; tout ce qui sert à systématiser est conventionnel, sans objectivité, et par suite n’a rien de commun avec ce qu’on entend par généralisation, qui, elle, implique toujours une promotion de l’expérience.

  1. Poincaré, Science et hypothèse, p. 168.